Du voyeurisme ...un peu bcp (et c'est reparti !)

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OrenMiller's avatar
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Ode au narcissisme, au voyeurisme et à l'exhibitionnisme des artistes.

Et un nouveau blabla qui m'interpelle et que je soumets à votre analyse et votre ressenti redoutable ^^...dans un journal oui parce que je sais pas comment poster un texte en deviation (ne dites rien je sais je suis pas douée -___-)

Alors c'est parti lol Dans un article du Figaro du 25 février 2010, Adrien Goetz, déclarait que : «Les trois piliers de Facebook sont le narcissisme, le voyeurisme et l'exhibitionnisme. Tout ce qui plaît aux écrivains !» (entendu largement à la communauté artistique).

En tant qu'auteure (oui, il paraît qu'il faut le mettre le "e" sinon on est dans le camp des machistes) ou plutôt en tant qu'apprentie bidouilleuse de mots, la phrase m'a fortement interpellée sur le moment, d'autant plus que je suis une nouvelle inscrite sur facebook (oui j'ai commencé par twitter, chronologiquement, j'ai rien compris mais bon XD). Cela m'a amenée à m'interroger sur ma pratique du net en tant qu'amateur dans l'expression artistique et celle de mes congénères.

Le fait est que Goetz a, à mon humble sens, parfaitement raison. J'ai d'autant moins de scrupules à le dire car comme j'écris, je pense être bien placée pour porter un jugement de valeur sur nos travers. Etant encore dépourvue de l'orgueil démesuré que peut provoquer parfois la notoriété virtuelle des réseaux communautaires tels que facebook, deviant ou plus généralement la blogosphère en poussant les artistes à s'imaginer qu'ils le sont ex nihilo et sans dépendance ni lien avec leur multitude de fans virtuels, je pense sans honte qu'on répond souvent à ces trois caractéristiques.

Narcissique et exhibitionniste  ? Oh que oui  ! J'ai lu récemment sur un des forum de collection et d'art, sur lequel je suis inscrite, plusieurs débats qui tournaient autour de la question suivante  : "l'artiste (auteur, dessinateur, sculpteur, photographe, peu importe en fait) l' est-il par lui-même, tout seul dans son coin, ou est-il un artiste quand il créer pour produire une réaction chez l'Autre  ? Bref doit-il exister uniquement par lui-même ou se définit-il vraiment comme tel par la réaction humaine qu'il cherche à susciter ?". Et là, soyons clairs, il n'est pas question ici de célébrité, de nombre de livres/BD vendues, de publication de livres ou de chiffres de vente. L'importance quantifiée du succès comme validation officielle et exclusive d'un artiste c'est un autre débat. Je parle seulement de cette interrogation  : "est-ce que l'artiste est avant tout égoïste ou est-ce qu'il est dans la production et la recherche du contact de l'Autre?" La question mérite d'être posée dans le sens où depuis des siècles, on se triture les méninges pour donner une définition satisfaisante à l'art et à celui qui le pratique et que personne jusque-là n'est parvenu à se mettre d'accord (et pour cause). Or, j'ai constaté que souvent ce débat sur les forum tourne à vide autour d'un type de témoignages qui me sont apparus totalement contradictoires :

( je résume, en substance) "Moi, j'en ai rien à faire des réactions des gens, je poste pas pour être (re)connu et je poste pas pour me faire de la pub. Que j'ai des réactions ou non, ça m'importe peu. Au final, je suis quoiqu'il arrive un artiste et je produis mon art pour moi-même uniquement, de moi à moi et (plus rare comme réaction, mais je l'ai lu) arrêtez de poster sur mes œuvres parce que je m'en fiche. La reconnaissance virtuelle, je cours pas après et même que c'est très surfait."

Ok. Alors mon soucis, c'est qu'on peut choisir une définition de l'artiste ou une autre, peu importe, mais faut s'y tenir. Car au risque de paraître primaire voire totalement stupide (en même temps, est-ce si grave  ?), le fait même d'être inscrit sur des communautés d'art, le fait de poster régulièrement ses œuvres, parfois même aux dires de l'artiste à des heures de fortes connexions, le fait d'adapter aussi l'œuvre à la mode ( toujours dans le texte, je ne me permettrais pas d'inventer en la matière), de répondre à ces débats plusieurs fois par jour, n'est-ce pas en soit la reconnaissance de la recherche d'un auditoire virtuel et donc l'acceptation du fait que l'artiste est dans la production livrée à l'Autre. Si effectivement, l'artiste considère qu'il est uniquement dans l'individualité, dans l'égoïsme (sans connotation péjorative, j'entends, je ne suis pas là pour juger), dans la production de lui à lui, ben il garde ses œuvres sur son PC. Point barre. Il les regarde lui et rien que lui et ne les mets pas à la disposition du public potentiellement énorme d'un forum. Je connais des artistes qui sont dans cette logique et je les admire car je suis totalement étrangère à cette vision de l'art. Je leur reconnais une incroyable cohérence dans l'action parce que ces artistes ne produisent et ne montrent jamais rien sur les forum…Et pour cause  ! Quand on porte une jugement de valeur, quand on a un avis tranché sur une question, être cohérent avec soi-même, ça me paraît la base pour être crédible. Donc on ne peut pas conclure et clamer  d'un côté :"la communauté des fans ça pue et j'ai pas besoin d'eux pour exister en tant qu'artiste" et de l'autre, poster régulièrement son travail, y compris même pour dire que la communauté des fans, ça pue et qu'on a pas besoin d'eux pour exister en tant qu'artiste.

Ben, quand un truc pue et qu'en plus on en a pas besoin, on le fait pas ou on s'en débarrasse, non  ? (non mais c'est primaire comme réaction, je sais XD).


Donc en ce qui me concerne, je suis dans la catégorie justement épinglée par Goetz des auteurs narcissiques et exhibitionnistes (la preuve étant que je viens de poster ce texte ^^). J'écris pour les autres. C'est mon choix artistique et je l'assume. Je considère avant tout l'art comme une production. C'est donc mon parti pris. A mon sens, on est dans l'art quand on crée quelque chose, qu'on le produit donc qu'on l'extrait de soi-même à l'aide d'un support artistique et dans le but de traduire un message, une esthétique personnelle ou une émotion. Bref, je raconte quelque chose au monde. Partant de cette définition (qui est tout à fait partisane, on est d'accord), l'artiste produit et livre. Par conséquent, pour moi, l'art implique forcément le rapport à l'autre, au lecteur, au supporter ou au commentateur.

Et qu'est-ce que je leur livre  ? Mes écrits, des morceaux de moi, des extraits de mon âme, ma vision de la vie au travers des choix de personnages, de métaphores ou d'intrigues que je balance sur des forums dédiés sur lesquels, potentiellement, des centaines de personnes peuvent me lire. Ce n'est certes pas directement MON histoire, mais soyons honnêtes, ça sort de mes tripes donc c'est un peu de moi qu'il y a à chaque paragraphe. Si je reprends donc la définition du narcissisme et du voyeurisme (parce que des fois, relire une définition, ça aide), force est de constater que ça y ressemble quand même un peu.

Or, j'ai envie de dire à tous ceux qui hurlent à la prostitution artistique, qui crachent sur les artistes qui assument cette part de narcissisme et de voyeurisme qui consistent à la mise en forme esthétique d'une part d'eux-mêmes qu'ils livrent à un public, à ceux qui sont les premiers à parler de sous artistes quand on a le malheur de dire qu'on est dépendant du regard de l'autre alors que pourtant, ceux-là sont les premiers à cumuler forum, blog, LJ, twitter et autre face book (heu je leur rappelle que poster sur un blog perso ou un LJ, même en accès limité, c'est toujours un acte de communication destiné à des lecteurs filtrés ou non hein)…

J'ai envie de leur dire…

: il n'y a pas une seule vision de l'artiste et quand on en choisit une, faut rester cohérent dans l'argumentaire, au moins un peu quoi…
…et Alors  ?

C'est vrai, est-ce que le fait de reconnaître en toute honnêteté que mes productions portent forcément indirectement sur ce que je suis, fait de moi un faux auteur mauvais ou pathétique  ? Est-ce que le fait de dire que mon exercice artistique n'a de réel sens pour moi que par le prisme du jugement de mes lecteurs, me rend à ce point dépendante que je ne serai plus capable d'exercer mon libre arbitre  ?

Alors il y aurait, si on suit cette logique et en paraphrasant les inconnus (oui ben on a les références qu'on a hein) les bons artistes et les mauvais artistes  ?
Les bons seraient ceux qui crient haut et fort qu'ils existent sans public, qu'ils se moquent de son opinion et de la notoriété qu'il lui offre, pire que le fait d'avoir des fans ou pas, ça importe peu.
Ca, ce serait donc l'artiste classe, le vrai, l'élite…
Et puis, il y aurait le mauvais artiste, celui qui a le nez dans le caniveau de la médiocrité et qui serait celui qui revendique le jugement des autres, qui dit dépendre de l'impact de ses productions sur un auditoire grand ou petit et que son travail se nourrit des retours positifs ou négatifs que ses "fans" lui feront peut-être.

Et alors voyeur aussi  ? Définitivement oui aussi  ! Ayant prouvé que j'étais donc un sous auteur dépendant, je creuse un peu plus ma tombe en soutenant que l'art s'enrichit de l'étude de l'Autre. C'est en observant et en s'imprégnant des émotions des autres, des faits de société, du souffle et de la vie de notre monde qu'on développe sa plume, son trait, sa verve et sa richesse argumentaire. Je n'aurai pas l'orgueil de croire que j'ai éprouvé toutes les émotions qu'un être humain peut éprouver dans toute leur intensité et leur diversité. Je n'aurai pas non plus la prétention de croire que ma tristesse est LA tristesse ou que ma joie est LA joie, parce qu'il n'y a pas de valeur absolue dans le sentiment. Et j'ai encore moins l'hypocrisie d'être convaincue que mon œuvre n'est pas le produit de toutes les références culturelles et esthétiques acquises depuis mon enfance. Alors si je veux que mes écrits évoluent, soient le plus riches possible, j'ai besoin de trouver dans le regard, les soupirs, les larmes des autres l'inspiration pour produire mon analyse et mon ressenti. J'aime l'humain, j'aime ce monde…Bien sur que je joue les voyeuses en étant à l'écoute de tous ses battements de cœur. C'est même le moteur de mes pulsions d'écriture ! L'empathie et le voyeurisme sont à mon avis les deux carburants de l'art. Et à ce titre, merci aux gens d'ouvrir des blog, c'est un monde incroyable que vous acceptez de nous laisser voir  ! ^^

Alors forte de ce constat d'être narcissique, exhibitionniste et voyeuse, j'en conclu que finalement je l'assume plutôt bien et je le revendique même. Je ne serai jamais un "auteur autarcique" et j'ai besoin de me confronter aux émotions de l'Autre que je cherche à provoquer au moment même où j'écris. Et toujours en réponse aux détracteurs de cette vision de l'art, je dirais qu'on est peut-être des auteurs vendus et pourris, mais on est aussi un peu courageux, parce qu'exhiber son âme sous une forme ou une autre, c'est toujours risqué. On prend le bon comme le mauvais et c'est bien plus confortable de ne pas prendre le risque de s'exposer à la critique en cachant aux yeux de tous ce qu'on a crée. Alors rien que pour ça, un peu de respect serait pas du luxe.

Vous (lecteurs, passagers, découvreurs, voyageurs d'internet…) êtes mon inspiration et la raison de mes efforts. Et je ne sais pas….au travers de ce "blablatage", je crois que je trouvais juste de plaider pour une fois en faveur de l'importance DU (et pas DES) post ou commentaire, non comme une donnée seulement mathématique pour satisfaire un ego ou un complexe lié au besoin constant de reconnaissance (j'ai 100 fav donc j'existe ouf, car à 50 je n'existe pas encore, les accros à la notoriété virtuelle à tout prix, c'est un autre débat que je soulèverai forcément ici un jour ^^), mais comme le fait qu'un commentaire, c'est un cadeau pour l'artiste. Il a un redoutable pouvoir galvanisant pour certains auteurs dont je suis.

Et c'est ce qui fait que je suis là.

Merci donc.

PS  : alleeeez, ils vous manquaient pas un peu mes délires et questionnements à deux cacahuètes ? Aaaaaah pas tapez  ! Pas tapez T___T
© 2010 - 2024 OrenMiller
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InertesInepties's avatar
Personnellement, je pense que l'art est également un moyen de communication, un moyen de parler de soi aux autres, de discuter avec les autres. Ce que certains font dans la paroles, certains le font à l'aide d'images et d'agencement de sons... Je serais plutôt dans cette case-là. L'expression artistique permet de s'exprimer sans être interrompu, on a tous son temps pour développer ses arguments et ses exemples. L'art est un moyen de partager nos pensées sans censure ni répression. Il y a des mots que les mots ne sauraient dire, des images que les images ne sauraient montrer, bref on comprend l'astuce, l'art permet de connecter les gens d'une manière unique.